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La Permaculture est un ensemble de principes qui s’inspirent de l’observation de la nature pour créer une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. Dans la foulée de ses précurseurs David Holmgren et Bill Mollisson, un ensemble de publications a ainsi proposé de nouvelles manières de jardiner et de cultiver, mais aussi de vivre en société et en harmonie avec la nature. La Permaculture est ainsi devenue pour le grand public la solution miracle pour cultiver son potager ou aménager son jardin de manière durable.

Au-delà de l’effet de mode qui entoure ce mot magique, il y a vraiment un travail de fond qui a été mené, et des résultats très intéressants qui inspirent aujourd’hui de nombreux jardiniers amateurs mais aussi d’agriculteurs. Le travail de recherche et d’évangélisation mené par la Ferme du Bec Hellouin en est l’exemple le plus visible en France. Oui, il est possible de produire en abondance tout en respectant et même en améliorant son environnement.

 

Pourtant, quand on me demande si je « fais » de la Permaculture, je réponds que non, et je voulais ici m’en expliquer.

Je me méfie de ce mot pour deux raisons :

  • C’est un mot valise, où chacun voit une vérité différente
  • C’est super technique !

 

Trop souvent, je lis ou j’entends que grâce à la Permaculture on peut créer un environnement auto-fertile, résilient, où « tout pousse tout seul ». Ce n’est bien sûr pas ce que disent les vrais connaisseurs de la Permaculture, mais le mythe est là malheureusement. Et cela a des conséquences parfois dangereuses: des porteurs de projets qui ratent leur installation agricole parce qu’ils ont cru trop vite à une solution miracle, ou encore un grand public qui s’indigne que tous les agriculteurs n’aient pas adoptés en masse cette démarche si respectueuse de la nature.

Donc, attention, ces concepts très intéressants sont plus subtils qu’on ne le croit !

 

La seconde raison qui me pousse à ne pas trop revendiquer ce mot, c’est que la Permaculture est une démarche trop complexe pour des nouveaux agriculteurs comme moi ! Les résultats obtenus par la Ferme du Bec Hellouin sont impressionnants, et montrent un chemin qui doit tous nous inspirer, mais ils sont le fruit de dizaines d’années d’expérience et de recherche.

La maîtrise des associations de culture, du non-travail du sol, de la gestion de la biodiversité ou encore par exemple de la diversification des ateliers demandent un énorme savoir-faire, qui doit en plus être adapté aux conditions de chaque lieu.

Face à l’énormité des chantiers à mener pour aboutir à une agriculture plus respectueuse de l’environnement et capable de faire face aux enjeux du changement climatique, il me semble que des compromis s’imposent, notamment pour permettre à une nouvelle génération d’agriculteurs de s’installer rapidement et de vivre de leur métier. La viabilité économique d’un système de culture doit (malheureusement) s’imposer.

 

Bref, la Permaculture doit nous guider, mais au même titre que les siècles d’expérience de nos prédécesseurs et que la recherche agronomique actuelle, et toujours en gardant en tête qu’il y a 8 milliards de personnes à nourrir et que les exploitations doivent être viables.

 

Voilà quelques exemples de compromis nés de ce passionnant débat sur le terrain de Grand Jardin :

  • Rechercher en permanence un double ou un triple usage : la Permaculture nous invite à rechercher plusieurs usages à chacune de nos actions, pour gagner en efficacité. Par exemple, à Grand Jardin, nous avons appris à installer certaines espèces de fleurs comestibles entre nos planches de légumes. Les fleurs attirent les abeilles et autres insectes utiles au jardin, tout en nous fournissant un petit revenu car ces fleurs sont en partie récoltées pour notre restaurant partenaire.
  • Créer des interactions positives entre les cultures : la Permaculture insiste sur les effets bénéfiques que créent certaines associations de culture. Par exemple, en les mélangeant, les carottes sont protégées de certains prédateurs par la présence de poireaux. En pratique, la plantation de carottes et de poireaux sur une même planche représente une surcharge de travail monumentale et présente un gros risque que les cultures ne se développent pas au même rythme. Alors, à Grand Jardin, on se contente de mettre des carottes à proximité de poireaux, mais pas directement ensemble. L’effet bénéfique est peut-être un peu réduit, mais le temps de travail reste optimal.
  • Ne jamais laisser un sol à nu pour mieux le protéger : la Permaculture insiste sur l’absolue nécessité de protéger le sol à tout moment. L’idéal, ce sont bien sur les cultures elles-mêmes, dont les racines structurent le sol, ou alors un paillage organique (herbe, foin, etc.). La réalité, à Grand Jardin, c’est que l’installation d’un paillage de foin sur nos cultures obligerait à importer des tonnes de matière, car nos prairies sont trop petites pour nous assurer une autonomie. Et c’est aussi un travail très fastidieux. Alors, on fait des compromis : une partie des cultures est paillée, mais une autre partie est parfois couverte d’une protection en plastique, plus simple et plus économique. Toujours des compromis…

 

Nous pourrions continuer pendant des heures tant le sujet nous passionne. Nous conclurons en disant que non nous ne « faisons » pas de la Permaculture, mais que c’est une superbe source d’inspiration et certainement un objectif. L’utilisation du mot Agro-écologie nous semble plus adapté à la réalité de Grand Jardin. On pourra revenir une autre fois sur ce nouveau mot !

 

Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à vous inscrire à un de nos ateliers de découverte du Maraîchage !

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