Notre projet de déménagement de la ferme dans le Perche à partir de l’année prochaine avance bien. En attendant de démarrer de premiers travaux dans les semaines à venir, c’est maintenant toute une équipe qui travaille à la création d’une nouvelle forme d’hôtellerie et d’agriculture. A chaque Newsletter, nous vous raconterons l’avancement du projet !
Notre ambition est de créer un lieu qui aide à mieux comprendre l’agriculture et l’environnement, et qui montre que des solutions fortes existent pour proposer une alimentation et un tourisme plus respectueux de l’environnement. Tout cela doit donner envie et faire rêver car rien de durable ne se fait sans une touche de beau et de merveilleux… Enfin, nos choix doivent être transparents car le greenwashing est le pire ennemi de l’engagement écologique.
C’est ainsi que toute notre démarche actuelle de conception se construit autour de trois piliers :
Limiter l’artificialisation des sols
On ne peut pas aborder un projet qui se veut engagé en acceptant d’artificialiser des sols sans limite à coups de bâtiments hôteliers ou même de bungalows. Quand un mètre carré est construit, il l’est pour toujours, et jamais la biodiversité ne pourra s’y réinstaller. Alors que nos campagnes regorgent de bâtiments anciens à rénover, il nous semble normal de commencer à faire avec l’existant !
Alors oui cela impose de réinventer des modèles d’hôtellerie à taille humaine, et cela implique souvent des travaux plus coûteux. Mais il nous semble que c’est une obligation pour être cohérents. Ce principe cardinal doit guider la démarche sans pour autant être une règle absolue.
Nous nous sommes donc efforcés de concevoir un lieu qui tire le maximum des bâtiments existants de notre site, à savoir environ 1500m2 de ruines. Toutes les chambres et les espaces communs seront implantés dans les trois grandes longères existantes. Par contre, l’absence sur site d’un bâtiment agricole adapté à nos besoins nous amène à construire un bâtiment en bois de 350m2. Des compromis, donc, mais avec toujours une grande vigilance et une grande exigence
Augmenter l’autonomie du site
Un Hôtel autonome, c’est un hôtel qui limitera les flux de camions pour l’approvisionner et qui du coup émettra moins de CO2. Cette recherche d’autonomie est le second pilier de notre démarche.
Nous concevons d’abord un lieu qui bien évidemment sera le plus autonome possible pour ses besoins en nourriture. Après tout, la présence d’une ferme sur site est quand même le cœur de notre concept ! Cela implique de créer une ferme dont les productions seront très diversifiées et étalées sur toute l’année. C’est une chose de produire de belles tomates en été, mais c’est largement insuffisant pour répondre à tous nos besoins. Ainsi, nous concevons actuellement nos différents ateliers de productions, en tenant compte de notre site et de nos compétences. Des légumes, bien sûr, mais aussi des fruits, des œufs, du miel, des aromates, et pourquoi pas un peu de viande un jour. Ce qui ne pourra pas être produit sur place pourra par contre venir de nos voisins producteurs, le Perche ne manque pas de produits magnifiques !
Nous cherchons aussi une plus forte autonomie en énergie. Notre envie de rester simples nous a vite éloignés de l’idée de générer notre électricité. Les solutions existent mais nous semblent bien compliquées et elles répondent rarement aux enjeux d’intermittence. On a donc choisi de faire confiance aux professionnels ! Par contre, pour le chauffage de nos bâtiments et nos besoins en eau chaude, nous avons choisi de produire nous même la biomasse suffisante. Notre chaudière sera alimentée par du Myscanthus produit sur site, avec un complément en bois et copeaux issus de nos arbres et haies. On vous racontera tout sur le Myscanthus prochainement.
Pour nous, l’autonomie c’est aussi se rendre moins dépendant de prestataires extérieurs et de technologies couteuses et souvent fragiles. On ne fait bien que ce qu’on comprend bien ! Nous privilégions donc des démarches Low Tech, faciles à entretenir et robuste. Cela rentre parfois en contradiction avec les habitudes du métier. Par exemple, nos architectes ont bien du mal à nous trouver des stores à manivelles, car maintenant les fabricants proposent uniquement des stores motorisés ! De même, pour construire nos futurs chemins en terre, les prestataires ont du mal à réutiliser les masses de cailloux et pierre disponibles sur notre site, et préfèrent faire venir des pierres de très loin… On va les forcer à être plus imaginatifs !
Comme pour l’artificialisation de l’espace, des compromis sont nécessaires. J’aurais vraiment souhaité pouvoir assurer le nettoyage de notre linge sur site, pour éviter des allers et retours de camions. A la réflexion, ce choix consommerait beaucoup d’espace (il faudrait au moins 50m2 pour une belle lingerie) que nous n’avons pas…
Rendre le lieu désirable et être transparents
Je suis convaincu qu’on ne pourra pas faire accepter une nouvelle forme de tourisme et de nouvelles pratiques alimentaires sans donner envie et faire rêver. Le tourisme, comme l’alimentation, c’est d’abord de la magie, de l’évasion, du confort, et du beau. La sobriété heureuse disait Pierre Rabhi…
Pas question de renoncer au confort, à la générosité et à une esthétique valorisante. C’est à nous de rendre notre hôtel désirable, à nous de montrer des solutions simples, à nous de faire rêver avec des plats gourmands, à nous de créer un nouvel imaginaire qui fait envie ! Notre Hôtel ne sera certainement pas punitif.
Ce nouvel imaginaire passera par des gestes à réapprendre, comme par exemple faire soi-même son feu dans un poêle à bois, fermer des volets quand il fait chaud, passer du temps à cuisiner en famille des produits de nos jardins, prendre le temps de ne rien faire, cueillir soi-même un bouquet de fleurs…
Mais cela ne devra pas nous éloigner des bases d’une hôtellerie et d’une alimentation réussies : des lits hyper confortables, des plats gourmands, des belles salles de bains, des équipes toujours engagées, des beaux produits et des espaces généreux.
Évidemment, le principe est simple à exprimer, mais sa mise en œuvre est compliquée et à nouveau des compromis sont nécessaires, et doivent être assumés en toute transparence. Par exemple, pas question pour nous de renoncer à proposer à nos clients une belle piscine. La baignade est constitutive des belles vacances. Nous avons bien sûr regardé la possibilité de créer une piscine naturelle. Après avoir bien étudié le sujet et évalué nos compétences et les contraintes règlementaires (pas question de mettre la santé de nos clients en danger), nous avons vite renoncé et Grand Jardin assumera d’avoir une piscine « à l’ancienne ». On assumera car la démarche a été faite, et car nous sommes fiers de tous nos autres engagements. Sans être transparents nous n’arriverons à convaincre personne.
On continuera à vous raconter nos réflexions et leur mise en œuvre détaillée dans nos prochaines newsletters !
